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Ces journées ont été l’occasion de réfléchir ensemble sur le thème de la coopération parents/enseignants à l’école maternelle et élémentaire : 22 écoles engagées dans cette démarche et lauréates des « Prix Ecole » y ont été associées. Chacune a été représentée par deux parents, un enseignant et le directeur d’école.

En savoir plus : La coopération Parents/Enseignants à l'école Primaire(pdf)
Édition de la Fondation de France
    
 
Synthèse des ateliers des trois journées de rencontre des vingt-deux écoles primées.
Tout d’abord, il apparaît que l’école est un lieu qui intimide beaucoup les parents, lorsqu’elle ne suscite pas carrément de l’hostilité de leur part.
D’où la nécessité unanime d’encourager les initiatives de coopération parents/enseignants. Lorsqu’elle est bien menée, cette coopération permet d’instaurer un climat de confiance bénéfique et propice à créer les conditions du dialogue, de faire en sorte que chacun accepte de sortir de son univers pour envisager le point de vue de l’autre, pour le comprendre et le prendre en considération.
 
Le rôle moteur de l’équipe pédagogique
Mais, il faut le savoir, la coopération parents/enseignants ne naît pas spontanément. En effet, pousser la porte de l’école, pour les parents n’est pas un acte naturel. C’est même un acte particulièrement difficile, voire impensable s’ils n’y ont pas été explicitement invités. L’initiative ne peut venir que de la direction et de l’équipe enseignante. Pour cela, il faut donc une volonté affirmée de l’équipe pédagogique, un projet structuré et, si possible, un pilote pour coordonner les actions à mener. Ce qui implique évidemment une certaine stabilité de l’équipe ou, si des changements de personnes interviennent –surtout au niveau de la direction, une bonne transmission des actions initiées ou en préparation car ces dernières ne sont efficaces que si elles sont inscrites dans la durée.
Bien sûr, cela implique un investissement en temps et en énergie qui va bien au-delà de ce qui est dû normalement par les personnels de l’Education nationale à leur tutelle. En effet, l’investissement très lourd nécessaire à ces actions peut entraîner la fatigue et la démotivation de certains enseignants au bout de quelques années, surtout face au manque de reconnaissance par l’institution.
 
L’école, le dernier bastion du lien social
Toutefois, ce qui, au regard des équipes pédagogiques, semble donner le plus de sens à cette démarche, c’est qu’elle permet de créer un lien social. En effet, dans certains quartiers et pour certaines familles, l’école représente le seul endroit, le dernier bastion où l’on peut encore espérer faire naître ce lien.
C’est encore plus vrai dans les zones d’éducation prioritaire, là où les enfants viennent en majorité de familles immigrées peu ou pas du tout intégrées dans la société française. Tout se passe alors comme si la cible prioritaire de la démarche de la coopération était les parents, qui vivent souvent l’exclusion et l’humiliation du fait de problèmes de langue, de culture, de pauvreté, etc. Les enseignants ont alors conscience de jouer un rôle social et ont pour objectif de faire venir ces familles à l’école. En effet, en les invitant à venir expliquer leur culture, leurs traditions ou à participer à des sorties, c’est une main tendue qu’ils offrent à ces familles, une passerelle pour les aider à s’intégrer, éventuellement apprendre le français, les sortir de leur isolement, leur permettre de rencontrer d’autres familles et ainsi de tisser des liens dans leur quartier. Et aussi, bien entendu, commencer à partager la culture de l’école et ses valeurs.
Si certains enseignants refusent de s’impliquer dans ce type de démarche qui relève, selon eux, de l’assistanat social, les équipes pédagogiques engagées dans la coopération parents/enseignants expliquent qu’au bout de la chaîne, l’enfant reste le principal bénéficiaire de l’évolution favorable de sa famille et de son intégration.
 
Pour tous, le mot-clé c’est la confiance
La coopération parents/enseignants n’est pas exclusivement réservée aux établissements situés dans les ZEP. Elle s’impose un peu différemment mais avec tout autant de pertinence dans les autres établissements qui ne connaissent pas de problèmes sociaux massifs. En effet, la mise en place de cette démarche permet de créer un climat de confiance, qui change beaucoup de choses parce que, pour les parents, savoir qu’en cas de problèmes, ils vont pouvoir rencontrer l’enseignant, lui parler de leur enfant, savoir qu’ils seront écoutés et pris en considération, c’est capital. Moins crispées, plus confiantes, les familles peuvent ainsi mieux comprendre le système scolaire et son fonctionnement. Et de ce fait, mieux soutenir l’enfant dans sa scolarité. Pour certains, il faut même parler de « réconciliation » avec l’école, car il n’est pas rare que des relations précédentes aient laissé quelques traumatismes…
Pour les enseignants aussi, le bilan d’une coopération réussie est très largement positif. En gagnant la confiance des parents, ils gagnent leur soutien et leur respect. Le comportement des enfants changent : moins d’absentéisme, plus de respect, attention plus soutenue, désir d’apprendre… L’enseignant en tire inévitablement bénéfice : il travaille mieux.
 
Au cœur du dispositif : l’épanouissement de l’enfant
Source de motivation forte pour l’élève, la cohérence du discours pédagogique, facilitée lorsque parents et enseignants entretiennent de bonnes relations, fait que l’enfant reste le grand bénéficiaire d’une coopération réussie.
Cela s’explique aisément. L’école étant une référence importante et la famille aussi, lorsque s’instaure un dialogue entre ces deux mondes, ils peuvent alors s’accepter et se comprendre, au profit de l’enfant. Quand le parent est accueilli et reconnu par l’enseignant, objet d’une préoccupation commune, l’élève se sent valorisé. Il trouve ainsi une cohérence pédagogique très rassurante et plus facilement sa place au sein de l’école. Pour l’enfant, aller à l’école lorsqu’il sent l’adhésion de sa famille au système et voit des adultes, parents et enseignants, travailler au bien-être de leur collectivité, l’école peut alors devenir un plaisir.
De même, lorsque les familles relaient les principes soutenus par les instituteurs et que l’enfant n’est pas « ballotté » entre des attentes différentes, les bienfaits se font sentir non seulement au sein de l’école mais à la maison aussi.
 
Les liens avec la réussite scolaire ? Difficiles à établir
Des enfants qui se sentent mieux à l’école, sont plus épanouis et perçoivent mieux la cohérence éducative : ce sont donc là des atouts incontestables d’une coopération parents/enseignants bien menée. Mais qu’en est-il des effets sur la réussite scolaire elle-même ?
Au centre de la préoccupation des parents et des enseignants, la réponse à cette question reste évasive même s’il semble que les enfants dont les parents s’impliquent dans la vie de l’école réussissent mieux que d’autres car en réalité, les évaluations des actions menées dans le cadre d’une telle démarche restent très rares.
Ce que l’on peut en revanche affirmer avec certitude, c’est que lorsqu’un dialogue régulier existe entre parents et enseignants, il est plus facile de faire de la prévention, en repérant les moments difficiles que l’enfant peut traverser et en les affrontant sans attendre que la situation se détériore. Et assurer l’équilibre émotionnel et psychologique de l’enfant dans les moments de transition, n’est-ce pas tout aussi important que la réussite scolaire ?
 
L’organisation de la coopération : méthodes et moyens
Pour faire vivre la coopération parents/enseignants, il faut du temps, de l’investissement, voire un engagement politique et militant, une direction et une équipe pédagogique soudée et motivée et dans l’idéal, le soutien de la hiérarchie et de la municipalité. On peut aussi souligner le rôle irremplaçable des ATSEM, en maternelle, courroies de transmission écoles/familles.
Quant aux moyens mis en œuvre, ils peuvent être assez divers : de petites initiatives, telles que confier des cassettes de comptines aux familles, leur faire faire des reportages photos durant les vacances, créer des associations parents/enseignants, ouvrir un espace convivial pour les rencontres parents/enseignants ou parents/parents, présenter les productions des enfants sur le temps scolaire…, à la co-éducation, telle que l’intervention des parents en classe, gestion d’activités (lecture, ateliers manuels), etc.



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